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Nohb Comment

2 novembre 2014

Yak - Hello From Downtown

Yak, ça s’ouvre en 17 secondes, comme une boîte de Baxter Dury qui aurait traîné un an ou deux dans la gouttière. Et je découvre ça un dimanche. Un dimanche 2 novembre qui plus est, lendemain de la Toussaint. Alors quand l’intro, membrane vibrante, s’achève en fade out, je ne m’étonne pas de découvrir une voix qui semble venir de dessous la terre. Mais pourvue d’une chaleur inhabituelle pour un cadavre. Dans une cadence un peu boîteuse, est dressée la table d’un banquet dont on se trouve le convive d’honneur. Et au bout de cinq minutes, le rythme m’enroule, avec le titre Absence, suivi de No Time To Feel Good, Time To Go qui me rappellent le dépaysant Suzanne de Sheetah & les Weissmüller ; exquise ivresse orientalo-psychédélique, légère et épaisse comme la fumée d’un shilom. On s’envole…et puis on se retrouve la gueule dans la boue, avec Father’s Dead. Le titre est éloquent, et se passe de bavardage. C’est bref comme la vie ; muet comme la mort.

Et puis ça reprend vite la parole, ça frappe, ça insiste et persiste, avec Nothing Is As It Should, dont le fatalisme s’affuble d’une cynique parure de joie. On croirait entendre un sale gosse, dont la voix chevrotante et nasillarde trahit la mauvaise foi. Juste assez insolent pour être jubilatoire. On retrouve le même gamin, avec le Bath, Bed And Grass, frénétique, mécanique, boîte-à-rythmique, riche, et pas du tout paresseux.

Le banquet est agité, mais les mets sont raffinés.

C’est alors qu’on goûte à la grâce avec le rafraîchissant It’s All Good. Acoustique à souhait, simplement beau, joliment simple, sensible et aérien. Il y a là dedans le Dylan des meilleures années, qui aurait troqué l’harmonica contre un petit orgue qui frémit. On se balade, à l’allure de When I’m With You, main dans la main, on se fait la courte échelle pour chopper des cerises au voisinage, le dimanche se mue en mercredi après-midi. Ma gravité d’adulte s’est évaporée, et  j’emprunte le chemin qui mène à la grange, The Barn, où se dérouleront des affaires qui ne regardent que moi. Peut-être bien des trucs de Grands.

Complainte lancinante avec Brown Jews, qui a une séduisante façon de traîner les pieds. Autism porte bien son nom, avec une guitare et une mesure complètement aliénante et aliénée. On hésite à savoir si on nous embarque dans l’abîme d’un crâne abîmé, ou sur le circuit imprimé d’une ambiance 8 bits, obsédante et méchamment naïve.

En tout cas, on y est, et ça valait le détour. Et on y reste un peu avec le réussi (sans) titre n°13, entêtant, qui nous accroche savamment jusqu’à la fin.

Les chaises sont sur les tables, ça sent maintenant la serpillière.

Et on renifle. Parce que c’est vraiment fini.

 

Et que c’était bien.

Yak - Hello From Downtown - Azbin Records

http://www.youtube.com/watch?v=Ij6JuabJmgQ

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